Les cauchemars expérimentaux du cinéma underground

Le vrai cinéma sert avant tout à raconter une histoire, dit-on ? Oublions cette ineptie régressive et admettons que le septième art a pour objectif initial de créer l'émotion en générant diverses sensations par un enchaînement d'images contextuelles.

S'il y a bien un genre qui se veut difficilement accessible, c'est bien le cinéma expérimental et abstrait. Au sein même du cinéma extrême, nous retrouvons quelques oeuvres incontournables. À commencer par "I never left the white room" et "His Devil's Night" de Michael Todd Schneider, responsable des effets gore et acteur dans "August Underground Mordum".

Maggot Films collection

Retrouvons aussi Jimmy Screamerclauz connu pour ses clips effroyables portés par les musiques de Butchers Harem. Dans la droite lignée de David Firth, "Where the dead go to die" s'avère être l'animé le plus cauchemardesque que l'on puisse visionner, tandis que "When black birds fly", toujours sous une forme hypnotisante, se révèle comme un trip sous acide où le culte religieux ouvre un dimension sur un enfer de débauches ultra-colorées. Je vous conseille également de jeter un oeil à son dernier chef d'oeuvre "Aseptic".

VHS When black birds fly modelée façon La Petite Sirène. Limitée à 100 exemplaires.

DVD de "L'Empereur Tomato Ketchup", film expérimental vaporeux où la frustration sexuelle des enfants se soulève contre la morale surprotectrice des adultes. Tornicoti, Tornicoton, c'est l'année zéro de la rébellion ! Je suis d'ailleurs prêt à parier que les scènes picturales et surréalistes du film ont inspiré le style fantasmagorique de Bertrand Mandico.

DVD "Ice from the sun", un film expérimental étrange et poisseux. 

DVD Kenneth Anger, un pilier du cinéma underground expérimental mystique et ésotérique.

DVD "Dead Fury", un dessin animé gore si mal animé qu'il nous transporte dans la nostalgie vers une époque marqué par les jeux et vidéos du site Absoluflash, entre autre. C'est du moins je ressenti que j'ai.

En enfin "Ana", un film-noise de Frédéric Maheux à qui nous devons le très curieux "Théorie de la Religion", mais surtout l'excellent documentaire "Art/Crime".

De quoi vivre de belles expériences.

Et bien entendu l'incontournable Andrey Iskanov que nous pouvons considérer comme le David Lynch du cinéma extrême. Connu et reconnu pour ses films transcendants et marqués par la singularité de leur mise en scène expressionniste et les mouvements robotisés de leurs personnages. J'ai cependant une affection toute particulière pour la première version de "Visions of Suffering", un trip hallucinant et halluciné hautement cauchemardesque que je n'ai pas peur de hisser au top 5 des meilleurs films expérimentaux jamais réalisés. 

Quant à son chef d'oeuvre incompris "Philosophy of a knife", nous avons ici le meilleur torture-porn expérimental (avec "The Bunny Game" et la trilogie "13 Kaidan") jonglant entre les images d'archive et les séquences d'expérimentations ultra-gore visuellement proches de l'expressionnisme allemand. Espérons que "Ingression", "G-spot" et "Breaking Uroboros" ne tarderont pas encore 10 années... 

Andrey Iskanov collection

Et si nous nous tournons vers le stop-motion ? Ceux qui n'ont pas encore découvert l'univers de Jan Svankmajer doivent à tout prix rectifier la chose ! Le pape du stop-motion c'est bien lui, et il nous aura bien perturbé avec sa version personnalisé de "Alice aux pays des merveilles" qui n'est autre que la version la plus représentative de cette fable onirique étrangement inquiétante !

Jetez-vous aussi sur "Mecanix", film d'animation underground en stop-motion honteusement méconnu et qui fourmille pourtant de bonnes idées dans son petit monde industriel assez monstrueux.

Deux petites à découvrir de toute urgence !

Sans oublier un des meilleurs films fantastiques français "Horsehead" dont je suis fier de posséder l'affiche cinéma signée par le réalisateur Romain Basset, aussi sympathique que talentueux ! 

De quoi provoquer une paralysie du sommeil...

Et pour finir une petite réjouissance trashouillette hors norme avec "Barf Bunny" et la performance vomitive de Felicia Fisher rendant hommage au cultussime "Terrible Meal" du grand Kaoru Adachi et à la mouvance Ero-Guro en général avant un bain de sang offert par les effets gore de Marcus Koch. 

Ainsi que l'anthologie expérimentale "Symbolicus vol 1" qui réunit un collectif de réalisateurs underground tels que Patrick Fortin, Kasper Juhl, Michael Todd Schneider, James Bell, Marcus Koch et d'autres !

Merci à Martin Trafford pour ses prouesses visuelles dans son art d'illustration.