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James Bell : le prodige de la crasse cinématographique

Publié le par Androstaub

Le cinéma underground regorge de films amateurs respirant un manque de budget évident ou une conséquente faiblesse de mise en scène. Mais l'imperfection de ces oeuvres indépendantes est souvent rattrapée par la créativité marginale des auteurs libertaires. Nous arrivons alors à cerner la démarche d'un réalisateur même quand son oeuvre se voit altérée par son manque de professionnalisme. Cependant, nombreux sont les artistes à jouer justement sur les défauts de langage cinématographique et sur l'insuffisance technique pour générer une personnalité authentique à leur(s) film(s). Et s'il y a bien un artiste qui pousse son handicap créatif jusqu'au bout en s'inspirant sans honte des films bruts de banlieue tels que "Trash Humpers", "Gummo" ou " Street Trash", c'est bien James Bell.

Très proche de l'esthétique poisseuse et granuleuse des films de Jean-Louis Costes, James Bell créé la controverse avec son premier film "Dog Dick" qui réunit à lui seul toutes les infirmités que la grammaire cinématographique peut connaître au sein de la pauvreté filmique, à tel point qu'il est difficile de considérer l'oeuvre comme un film et non pas comme une mixtape familiale sans valeur ni saveur. J'ai longtemps considéré ce "sous-Gummo" comme le plus mauvais film de tous les temps et je n'ai découvert à ce jour aucune preuve du contraire (je vous met au défi de trouver un film qui soit moins regardable que celui-ci).

Mais qui aurait cru que les plus gros défauts de "Dog Dick" (si ce n'est le film lui-même) allaient devenir l'honorable marque de fabrique de Very Fine Crap Videos ? En effet, la pauvreté filmique a enrichi l'univers pouilleux de James Bell. Allant du poetico-trash "Manuer" jusqu'aux ultra-gore "Tantrum", "Nutsack", "The Bleack etc... chaque oeuvre donne l'impression qu'un réalisateur sans-abri réalise des films pour personnes sans-abri. Et bon dieu, quelle expérience que de visionner ces films authentiques sortis tout droit d'une poubelle d'un autre monde ! Je recommande vivement les titres cités ci-dessus aux fans de films extrêmes, car James Bell ne manque pas d'inventivité quand il s'agit de pervertir la pourriture de la chair humaine.

Le DVD Pussy Edition de "Tantrum 2" : un objet de collection d'une rare élégance
Le DVD Pussy Edition de "Tantrum 2" : un objet de collection d'une rare élégance
Le DVD Pussy Edition de "Tantrum 2" : un objet de collection d'une rare élégance
Le DVD Pussy Edition de "Tantrum 2" : un objet de collection d'une rare élégance
Le DVD Pussy Edition de "Tantrum 2" : un objet de collection d'une rare élégance

Le DVD Pussy Edition de "Tantrum 2" : un objet de collection d'une rare élégance

Démonstration surréaliste, musique electro-noise rythmique répétitive et inaudible, dialogues quasi-absents, piètres décors de banlieue sordides ou d'intérieur fauchés, mouvements minimalistes et robotisés, mise en scène théâtrale très dérangeante, incohérences récurrentes, effets gore craspecs tantôt réalistes, tantôt grotesques... bref, il est peu aisé de décrire la nature de ces splatters amateurs expérimentaux. C'est un peu comme si Michel Ricaud poursuivait les performances grand-guignol de "Sexandroide" en s'inspirant de Harmony Korine et David Cronenberg. 

Et pour aller au bout de ses idées, James Bell a choisi, dans sa démarche d'auto-éditeur, de recouvrir les DVD de morceaux de tissus en collant sur les deux faces, ainsi que sur la tranche, des morceaux de papier imprimé et maladroitement découpé en guise de jaquette, entourant certaines copies d'un latex rougeâtre qui empêche tout rangement de l'objet sur l'étagère de la dvdthèque. Very Fine Crap Videos est une firme amatrice ambitieuse, vulgaire, insolente et unique dans sa crasse, qui reflète toute la persévérance de James Bell à fournir des ofnis difficilement accessibles mais qui, néanmoins, lui ont permis de se construire un cercle de fans sincères et fidèles envers la misère de son art sale et marécageux. Aujourd'hui je fais moi-même partie de ses admirateurs et je n'ai pas honte de dire qu'il est une des figures les plus intéressantes et innovantes du cinéma extrême underground moderne.

Ils ne vendent pas que des DVD sur Very Fine Crap Videos
Ils ne vendent pas que des DVD sur Very Fine Crap Videos
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